Athlétisme: ces jeunes Varois ont rendez-vous au pays des feux follets

Article paru dans Var Matin du 13 Mars 2021 – Ecrit par Vincent Beltran

Le Creps de Boulouris, à Saint-Raphaël. L’un des 17 de France. Photo Philippe Arnassan

À l’Entente du Pays de Fayence, un club familial peuplé d’irréductibles athlètes, deux jeunes ont décroché un titre de champion de France en février. Un à la perche, l’autre à l’heptathlon. Rencontre avec Anthony Ammirati et Maxime Moitié-Charnois au pôle espoirs d’athlétisme du Creps de Boulouris à Saint-Raphaël.

Leur druide n’a pas de potion magique. Seulement un dicton emprunté à Georges Brassens et réadapté en guise de leitmotiv: « Le don sans travail n’est qu’une sale manie. »

Pas sûr que les générations d’athlètes entraînées par Gérard Vialette partagent ses goûts musicaux. Mais tous écoutent attentivement les conseils avisés du directeur technique de l’Entente du Pays de Fayence athlétisme (EPF).

L’ex-conseiller technique du pôle espoirs de Boulouris et ancien responsable national du saut en longueur intervient toujours au Creps de Saint-Raphaël en accompagnant de jeunes sportifs de la région vers le haut niveau.

Comme Anthony Ammirati (juniors) et Maxime Moitié-Charnois (cadets), respectivement champions de France en salle 2021 de saut à la perche et d’heptathlon. Ils suivent les traces de la perchiste fayençoise Mallaury Sautereau, de retour sur ses terres après un passage au pôle national de Clermont-Ferrand.

« Ces trois-là viennent de l’EPF, un club familial où chacun peut progresser. Un esprit insufflé par l’ex-président Guy Burle et entretenu par son récent successeur Éric Chiabrando », poursuit l’entraîneur. Et, à Boulouris, sur le groupe qu’il suit avec Daniel Darien (spécialiste des haies), cinq athlètes sur neuf viennent du Pays de Fayence. Ou plutôt celui des feux follets.

L’ENVOL D’ANTHONY AMMIRATI

Il tutoie les cimes des pins du Creps de Boulouris à Saint-Raphaël dans la grisaille d’une fin d’hiver. Sous l’objectif de notre photographe, l’image semble d’autant plus frappante. Anthony Ammirati vole. En mode Peter Pan à la recherche de son ombre? Non. Pas de soleil en vue de toute façon. Le perchiste de l’Entente du Pays de Fayence athlétisme (EPF) répète ses gammes. Barre après barre, en quête du geste juste. Avec des perches fournies par Valentin Lavillenie, une de ses idoles, il se perfectionne au sein du pôle espoirs athlétisme.

L’an prochain, Anthony Ammirati s’envolera pour le pôle France de perche à Clermont-Ferrand. Mais le Fayençois gardera les couleurs de son club formateur en compétition. (Photo Clément Tiberghien)

En première année juniors, à 17 ans, le Fayençois a été sacré champion de France indoor de saut à la perche de sa catégorie en février à Miramas. Pour y parvenir, il a franchi 5,18 mètres et son record s’élève à 5,30 mètres.

« Des qualités de pied exceptionnelles »

« Il s’agit déjà des minima pour les qualifications aux championnats d’Europe juniors, indique son entraîneur Gérard Vialette, directeur technique de l’Entente du Pays de Fayence athlétisme (EPF) et intervenant au pôle espoirs athlétisme du Creps. Et je ne doute absolument pas qu’il va passer les 5,40 mètres [qualificatifs pour les championnats du monde juniors, ndlr], voire les 5,50 mètres, dès cet été. » Cette spécialité qu’il adore, Anthony l’a notamment connue grâce à Mallaury Sautereau. Cette autre perchiste fayençoise, également passée entre les mains de Gérard Vialette, avait participé aux championnats du monde cadets d’athlétisme en 2013 en Ukraine.

« Pour performer dans cette discipline, il faut être rapide et aimer les sensations fortes en alliant la puissance et la souplesse. Mentalement, cela demande aussi de la folie. On ne doit pas trop penser aux conséquences », analyse Anthony Ammirati.

Pourtant, le Varois garde la tête sur les épaules et ne manque pas d’atouts. « Il possède de grosses aptitudes physiques et des qualités de pied exceptionnelles, affirme son entraîneur. Et il a une énorme envie d’accéder au très haut niveau. Parfois, son perfectionnisme peut l’amener à s’enfermer. Il arrive que je sois obligé de le faire sortir de cette bulle pour lui dire: “Continue à jouer.” Même dans les sphères qu’il veut atteindre, il doit toujours y avoir une part de jeu. D’autant que sur les compétitions, il demeure très bon. Mais dans certaines situations à l’entraînement, il peut s’améliorer sur l’adaptabilité. »

Cinquième mondial de sa catégorie, Anthony vise un podium européen en juillet en Estonie et espère aussi briller aux championnats du monde au Kenya en août. Et, dans un coin de sa tête, les JO 2024 en France résonnent déjà peut-être un peu.

LE DIAMANT MAXIME MOITIÉ-CHARNOIS

« Maxime! Mets-toi directement dans le retourné. Là, tu sautes en deux temps », tempête l’entraîneur après un saut à la perche raté d’un de ses poulains.

Pour l’athlète de l’Entente du Pays de Fayence Maxime Moitié-Charnois, les haies demeurent une de ses épreuves de prédilection de l’heptathlon. (Photo Clément Tiberghien)

Les mains dans le dos, l’œil plissé, rien n’échappe à Gérard Vialette, directeur technique de l’Entente du Pays de Fayence athlétisme (EPF) et intervenant au pôle espoirs athlétisme du Creps de Boulouris.

À l’entraînement, sur la piste de Saint-Raphaël, le Fayençois Maxime-Moitié Charnois écoute et enregistre les remarques. Le saut suivant n’a rien à voir: « Voilà, là tu me fais plaisir! »

À 16 ans, l’athlète de l’EPF a remporté le titre de champion de France cadets en salle d’heptathlon (1), en février à Miramas. Avec, à la clé, son record de points : 5 154. « Cette discipline demande de grosses qualités physiques et mentales. Il faut à la fois être complet et constant dans la performance », estime l’externe au Creps de Boulouris, actuellement en classe de première au lycée raphaëlois Antoine-de-Saint-Exupéry.

Maxime, arrivé en septembre 2020 au pôle espoirs, espère pouvoir vivre un jour de l’athlétisme et rêve, comme beaucoup de sportifs de haut niveau, de représenter la France lors d’une olympiade. En 2024, à la maison, peut-être?

« C’est encore un peu court je pense », glisse-t-il humblement. Pourtant, l’adolescent ne manque pas de qualités. « Maxime possède une grande polyvalence. Il est bon partout et il peut se révéler excellent tant sur les haies, que sur le saut en hauteur, voire à la perche », explique son entraîneur.

« Apprendre à se relâcher »

Même si, de temps en temps, certains de ses atouts lui jouent des tours. « C’est un peu la force brute. Il doit encore apprendre à se relâcher car cela peut le perturber dans la réalisation du geste technique. Il veut tellement mettre d’intensité dans ce qu’il entreprend… Mais il est fort dans le sens littéral du terme. Parfois, il m’impressionne vraiment », poursuit-il.

Mais Maxime Moitié-Charnois, qui a grandi à Montauroux, le sait. Sérieux, il travaille avec détermination pendant environ une douzaine d’heures par semaine et se donne les moyens de progresser. « Ici, tous les gamins du groupe du pôle bossent. Et Maxime, comme les autres, ne s’échappe pas. Ils savent que si l’on fonctionne uniquement sur ses qualités, cela ne suffit pas au très haut niveau. »

Prochain objectif de la saison pour le Fayençois: devenir champion de France cadets de l’heptathlon cet été en extérieur. Pour résumer, voilà « un diamant qu’il faut continuer de polir », dixit Gérard Vialette.

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